La médiation animale en orthophonie ?

La médiation animale en orthophonie ?

Dans cet article, je vous partage mes adaptations et découvertes en médiation animale.

Pour quoi faire ?

Un chien au cabinet d’orthophonie ? Oui ça peut surprendre de prime abord. Mais sa place à un sens ! Le chien médiateur intervient pour certains patients selon leur pathologie et leur projet de rééducation. La médiation animale a de nombreuses vertus dont : la motivation, la confiance en soi, la concentration, la compréhension non verbale …

Langage oral et médiation animale ?

Les compétences socles

Les compétences socles du langage sont au cœur des prise en charge chez les tout-petits. Elles sont nécessaires à la mise en place des 50 signes linguistiques. Mais comment les aborder en médiation animale ?

Le pointage

  • Quoi de mieux que de pointer un animal présent dans le cabinet ?  L’intérêt est décuplé !
  •  On peut aussi pointer un livre dans lequel notre chien médiateur est représenté.
  •  Cacher des croquettes/friandises dans le bureau avec l’enfant. Puis pointer les croquettes au chien.

L’attention conjointe

  • Lancer la balle.
  • Regarder avec son patient le chien boire/manger.
  • Compétence fortement liée au pointage.

L’imitation

  • Jeu du toiletteur : l’orthophoniste brosse le chien. L’enfant imite.
  •  Jeu du vétérinaire : on écoute le cœur du chien et l’enfant fait de même.

Le tour de rôle

  • Caresser le chien chacun son tour.
  •  Donner une friandise chacun son tour.
  •  Remplir le tapis de fouille/jeu d’intelligence.

Syntaxe et médiation animale ?

L’intervention orthophonique en langage oral peut être mise en place dans le cadre d’un trouble développemental du langage (Bishop et al, 2017). Les difficultés peuvent toucher de nombreux domaines comme : la syntaxe, la morphologie, la sémantique, la phonologie, le manque du mot, la pragmatique, le discours, les apprentissages et la mémoire (Bishop et al, 2017).

Focus sur la  syntaxe : objectif incontournable dans nos prises en charge en LO.

Travail écologique du pronom « Je »

  • Quoi de plus motivant pour nos patients que de décrire ce qu’ils font avec le chien médiateur ?
  •  Que fais tu ici ? JE caresse Plume. JE cache les croquettes.

Les notions topologiques

  • Via les playmobil/légo  qui permettent des manipulations topologiques (sous, sur, dans, devant …) sur la thématique animalière.
  • Faire se déplacer le chien dans le cabinet (sous la chaise …).

Langage écologique via la PACE

  • Disposer les objets, éléments nécessaires choisis pour les situations de PACE.
  • Le patient doit expliquer à son orthophoniste comment placer les éléments pour obtenir la même scène que la photo.

Le bégaiement et la médiation animale ?

  • Le bégaiement est un trouble de la communication.
  • Le chien est bienveillant et ne juge pas son interlocuteur.
  • La parole que l’on adresse à l’animal est donc généralement fluide.
  • Chaque parole fluide active un cercle vertueux de parole chez la personne qui bégaie.

La vitesse de parole

  • Une caresse  sur le dos du chien modélise le débit de parole.
  • Plus je caresse lentement le chien, plus ma parole est ralentie.
  • Différentes vitesses peuvent ainsi être expérimentées.

Les pauses

  • Le patient caresse le dos du chien (à vitesse lente).
  • Puis, dès qu’il arrive au bout du dos, il fait une pause dans son discours.

La prise de conscience des bégayages en langage conversationnel

  • Le chien est couché entre l’orthophoniste et le patient.
  •  L’orthophoniste guide le patient qui caresse le dos du chien.
  • Si la parole est fluide, la caresse se fait dans le sens du poil.
  • Si il y a bégayage, l’orthophoniste guide son patient qui effectue une caresse à rebrousse-poil.

Le regard

  • Le chien peut entrer dans le triangle de communication : patient, orthophoniste et le chien médiateur.
  • Ainsi, le patient pourrait poser une question fermée et par le regard indiquer à qui il la pose (le chien ou l’orthophoniste). Pour l’aspect ludique on pourrait apprendre au  chien à appuyer sur des buzzers oui/non.

Trouble des apprentissages en mathématiques et médiation animale ?

Le trouble des apprentissages en mathématiques (ou dyscalculie) peut toucher la logique et/ou le triple code. Le chien/l’animal apporte confiance en soi et réconfort dans ces apprentissages souvent source de stress et d’échecs. Il a pour rôle de rassurer le patient.

Subitizing

  • Avec le jeu d’intelligence Trixie, le chien peut faire tourner un ou plusieurs tubes pour délivrer des croquettes.
  • Le patient peut donc subitizer et énoncer le nombre de croquettes tombées.

La ligne numérique

  • Pour les débutants, créer une ligne numérique avec les quilles du molky
  •  Le chien peut avoir le rôle de lancer le dé par exemple. On peut aussi prendre des pions chien.
  • On peut aussi faire des devinettes de nombres et le chien médiateur élimine les quilles en les faisant tomber. (Est ce que ton nombre est plus grand que 5 ? Non …)

Les fractions

  • Quoi de plus simple pour les patients d’avoir une situation écologique et motivante ?
  • En proposant de comparer 2 fractions et de lier l’utile à l’agréable via le chien médiateur .
  • Exemple : Est-ce que Plume préfère gagner 1/8 ou 1/6 du biscuit ? La manipulation est ensuite réalisée si besoin.

Le trouble spécifique de la lecture et la médiation animale

Mémoriser une nouvelle graphie

  • Le chien devient un véritable support/thème de mémorisation de certaines graphies comme –oi ou -ien en association avec un dessin du chien.
  • Quoi de mieux qu’un ancrage multimodal ? Visuel, auditif et kinesthésique. Écrire la graphie dans les poils du chien avec le bout du doigt est une alternative intéressante.

La compréhension écrite

  • La motivation du patient est décuplée lorsqu’il s’agit de lire un mot, une phrase, un texte sur la thématique canine.
  • Si la thématique canine n’est pas possible dans votre objectif, alors on peut remporter une friandise ou un tour à réaliser avec le chien à la fin de chaque phrase lue par exemple.
  • Retrouver plaisir et confiance en soi en lisant pour le chien médiateur. Son attitude neutre est rassurante pour les patients.

Le trouble de l’oralité et la médiation animale

  • Le trouble de l’oralité est un trouble sensoriel.
  • Le chien apaise et donne confiance au patient.
  • Il a une posture neutre dans l’acte alimentaire : il répond à un besoin physiologique.
  • Le patient prend plaisir à nourrir l’animal. Ainsi, il peut mieux invertir son propre corps et sa bouche.

Quels objectifs en orthophonie ?

Le travail sensoriel

  • Utilisation du loto tactile « Ruff’s House ».
  • Le chien peut être une bonne raison de manipuler des textures diverses et variées tant au niveau du toucher que de l’odorat (croquettes, pâtée …).
  • Disposer des aliments sur le tapis de fouille.
  • On peut supposer que dans les premières étapes le patient donne une croquette avec une grande cuillère. Puis dans les étapes les plus avancées,  il prendra l’aliment dans la main pour le donner au chien. L’aliment pourra être pris par l’animal ou bien léché selon la texture et l’avancé de la prise en soin.

Installation lors des repas

  • Atelier de réflexion avec notre patient. De quoi a besoin le chien pour être bien installé pour manger ? (une gamelle d’eau et de croquettes, un support à hauteur, du calme …).
  •  Ensuite, réfléchir avec notre patient à ce dont il a besoin pour être bien installé à table. Donner les pistes si patient trop jeune.

Anxiété lors des repas

  • Le chien peut être un réel moteur. Il diminue le stress et apaise le patient.
  • L’expérience positive peut être rappelée par le chien (prise de photos par exemple).
  • Le chien peut participer aux essais alimentaires selon les aliments proposés au patient.

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